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unjourpola
23 juillet 2006

96) take away with it

- Plus qu'une semaine,
me dit B. en se frottant les jambes. A force de piétiner en se brûlant les bras aux plats en équilibre entre ses coudes et ses poignets, à force de marcher pieds nus et de voir les araignées lui grimper sur le coup-de-pied sans les y écraser, par pure bonté ou par lassitude finie, peu importe, B. tient dans mes bras beaucoup plus largement qu'avant, ce qui veut dire que là où on peut effectivement en caler un deuxième comme lui dans le rond que je fais en étirant les membres et en me tenant les doigts, j'ai finalement pas envie, vraiment pas, d'en mettre un deuxième, malgré l'été : d'une part parce qu'il n'y a pas de comme lui et d'autre part parce qu'il remplit l'espace immatériel entre lui et moi, et que les largesses se réduisent à rien, ce qui tombe bien.

***

- La dernière ligne droite,

j'approuve. L'intimité, au mois de juillet, devient carrément aléatoire : c'est en fonction de qui est où et qui fait quoi, en l'occurence la dernière semaine avant août, c'est le dernier inventaire avant liquidation, on fait avec le disponible, heureusement il y a B. et C. et ça serait sans doute assez pour que je plante un panneau "Sam Suffit" devant chez moi, si C. n'était pas momentanément à Amsterdam avec son B. à elle.

***

- Si t'arrêtais aussi de vouloir te défendre quand on cherche pas à t'attaquer,
elle me dit, assise sur le banc du quai de ma gare de banlieue.

***

- Ta gueule,

je réponds, et c'est un peu pour ça qu'on est toutes les deux là. Avant de dormir, il m'arrive de penser aux lendemains, et les lendemains ne durent plus qu'une semaine maintenant, ça passera vite, j'ai souvent des impressions d'élan, d'apnée, j'explique :
Quand je sais que je ne dois voir quelqu'un dont la compagnie m'est plus qu'appréciable, en ces temps corrompus où la moitié du patelin a déserté, avant un certain temps, je suis dans le moment et plus il était bon mieux je tiendrai le certain temps : j'ai pris mon élan, inspiré avant de plonger.

Comme je sais que le mois d'août sera mon dernier mois de totale liberté avant le bagne (la 2ème année d'hk, faut suivre), eh ben : pareil.

***

- Tu psychotes trop,
me dit B. en fermant le robinet.
- Je croyais que je parlais dans ma tête. T'as pas une cigarette en trop ?
- T'es triste ?
- Non, depuis que j'ai vu l'équation de la Ola* à la télé, je dédramatise.

***

*authentique

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Commentaires
U
c'est un truc super compliqué qui joue sur le temps et l'espace, j'ai pas tout suivi mais ça m'a fait rire un bon quart d'heure de voir ces pauvres matheux qui cherchent désespérément des problèmes à résoudre à des périodes où les cerveaux interrompent tous leurs émissions (j'parle de la coupe du monde, c'était clair ?)<br /> huhu ;)
M
Pour être raccord avec le commentaire précédent, je soulignerais simplement la magnifique expression : "il remplit l'espace immatériel entre lui et moi". Je trouve ça particulièrement judicieux et poétique...<br /> <br /> Sinon, je voulais te dire, ne t'inquiète pas : la deuxième année, ce n'est pas le bagne. Non, pas du tout. Parce que les bagnards cassaient du caillou en plein soleil ou en pleine tempête alors que les petits khâgneux, on les range généreusement dans des salles, à l'abri des intempéries. Tu vois, tu as toujours tendance à exagérer...<br /> <br /> Oh, et livre-nous l'équation de la Ola, s'il te plaît, j'en frémis de curiosité !...
U
merci bichon, ça fait extraordinairement plaisir de voir que tu vois les "formulations drôles", j'essaie de dédramatiser ce que je dis, sinon j'aurais l'air trop pédante, tu crois pas ?<br /> Et il parait que ça se sent que mon copain de chevet, en ce moment, c'est le petit Proust. On m'a fait remarqué que ma phrase s'étalait en longueur -encore que j'me trouve petite joueuse :)
M
Voilà, ça c'est de la note qui se tient!<br /> <br /> Je trouve ton premier paragraphe merveilleux, tiens. La première partie est amusante et la deuxième sublime. (D'ailleurs c'était forcé, tu ne parles jamais des belles choses sans les ponctuer de formulations drôles.)<br /> <br /> Je suis bien heureux d'te lire comme ça, en tout cas.
unjourpola
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