96) take away with it
- Plus qu'une semaine,
me dit B. en
se frottant les jambes. A force de piétiner en se brûlant les bras aux
plats en équilibre entre ses coudes et ses poignets, à force de marcher
pieds nus et de voir les araignées lui grimper sur le coup-de-pied sans
les y écraser, par pure bonté ou par lassitude finie, peu importe, B.
tient dans mes bras beaucoup plus largement qu'avant, ce qui veut dire
que là où on peut effectivement en caler un deuxième comme lui dans le
rond que je fais en étirant les membres et en me tenant les doigts,
j'ai finalement pas envie, vraiment pas, d'en mettre un deuxième,
malgré l'été : d'une part parce qu'il n'y a pas de comme lui
et d'autre part parce qu'il remplit l'espace immatériel entre lui et
moi, et que les largesses se réduisent à rien, ce qui tombe bien.
***
- La dernière ligne droite,
j'approuve. L'intimité, au mois de juillet, devient carrément aléatoire : c'est en fonction de qui est où et qui fait quoi, en l'occurence la dernière semaine avant août, c'est le dernier inventaire avant liquidation, on fait avec le disponible, heureusement il y a B. et C. et ça serait sans doute assez pour que je plante un panneau "Sam Suffit" devant chez moi, si C. n'était pas momentanément à Amsterdam avec son B. à elle.
***
- Si t'arrêtais aussi de vouloir te défendre quand on cherche pas à t'attaquer,
elle me dit, assise sur le banc du quai de ma gare de banlieue.
***
- Ta gueule,
je
réponds, et c'est un peu pour ça qu'on est toutes les deux là. Avant de
dormir, il m'arrive de penser aux lendemains, et les lendemains ne
durent plus qu'une semaine maintenant, ça passera vite, j'ai souvent
des impressions d'élan, d'apnée, j'explique :
Quand je sais que je
ne dois voir quelqu'un dont la compagnie m'est plus qu'appréciable, en
ces temps corrompus où la moitié du patelin a déserté, avant un certain
temps, je suis dans le moment et plus il était bon mieux je tiendrai le
certain temps : j'ai pris mon élan, inspiré avant de plonger.
Comme je sais que le mois d'août sera mon dernier mois de totale liberté avant le bagne (la 2ème année d'hk, faut suivre), eh ben : pareil.
***
- Tu psychotes trop,
me dit B. en fermant le robinet.
- Je croyais que je parlais dans ma tête. T'as pas une cigarette en trop ?
- T'es triste ?
- Non, depuis que j'ai vu l'équation de la Ola* à la télé, je dédramatise.
***
*authentique